Troubler l'echo du temps
Exposition des œuvres de la collection du Musée d'Art Contemporain de Lyon du 8 mars au 6 mai 2001. Commissariat Hervé Percebois
"Structure de Correction, l'image dans le tapis" et son site internet : TGAD.com Collection MAC-Lyon (dépot du FNAC) © Blaise Adillon
Avec les œuvres de Georges Adilon, Eija-Liisa Ahtila, Marco Bagnoli, Dominique Blaise, Marinus Boezem, Christian Boltanski, Marie José Burki, Pascal Convert, Hubert Duprat,Gilbert & George, Marie-Ange Guilleminot, Carsten Höller, Huang Yong Ping, Jean Olivier Hucleux, Louis Jammes, Suchan Kinoshita,Mariusz Kruk, Olivier Mosset, Hans Neleman, Nam June Paik, Slimane Raïs, Peter Robinson, Thomas Ruff, Pierrick Sorin, Hiroshi Sugimoto, Pascal Marthine Tayou, Tatiana Trouvé, Danielle Vallet Kleiner, Niek van de Steeg, Rémy Zaugg, Zhuang Hui
Les œuvres se répondent, dialoguent à travers le temps et la géographie dans l'opportunité de l'ex­position ou dans la contingence du choix restreint qui constitue toute collection. Celle-ci est faite de hasards, d'occasions, de complicités, de liens (comme on dit sur le net). Du 8 mars au 6 mai 2001, l'exposition, présentée au premier étage du musée (en même temps que la rétrospective Michelangelo Pistoleto), rassemble, mise en vis-à-vis, des œuvres acquises antérieurement et d'autres récemment entrées dans la collection à l'issue d'expositions tenues à Lyon (lndoor, Partages d'exotismes ... ). Dons des artistes, ou dépôts (notamment du F.N.A.C.), juxtaposés deux à deux, liés par quelque subtile relation, elles composent un parcours de zappeur au sein d'une création contemporaine profuse et diverse.
Marinus Boezem enregistre sur papier Agfa la lumière spécifique des églises cisterciennes, tentati­ve de saisir la singularité indéchiffrable de ces lieux. Pascal Convert interprète une photographie célèbre prise au Kosovo par un reporter de guerre, Georges Mérillon. Réalisant une sculpture en contre forme dans un matériau qui absorbe la lumière, il fait apparaître le drame d'une pietà moderne en même temps qu' il nous incite à prendre conscience de l'effacement contemporain des images. Convert et Boezem se répondent dans cette attention singulière au ténu et à sa charge spirituelle.
Les parcours de Pascale Marthine Tayou sont des promenades dans la réalité du monde, l'exotisme d'un véhicule "africain" nous renvoyant à notre européocentrisme, tandis que les petites visionneuses de Suchan Kinoshita nous ramènent à nous-mêmes au travers de la poésie de saynètes et de vues kaléidoscopiques.
La question de l'acte créateur étant posée, la pré­occupation de l'artiste s'interrogeant sur sa propre utilité sociale, sur sa place dans la création contemporaine, sur le sens de son activité, associe Marie-Ange Guilleminot et Tatiana Trouvé au-delà des différences de générations.
Mais le lien peut aussi être un jeu. Dans le rapport plastique de deux photographes à l'horizontalité du cadre photographique : Zhuang Hui d'une part, une foule saisie à la façon des portraits de groupe (cérémonies officielles ou mariages) et Sugimoto d'autre part, des paysages de mer, vides où seule la ligne d'horizon partage le plan de l'image en deux rectangles de surface rigoureuse­ment identiques. Ou bien encore un jeu théma­tique : Thomas Ruff réalise des portraits de grand format pourtant cadrés à la manière des photos d'identité, Hans Neleman fait le portrait de Maoris contemporains arborant les tatouages signifiant leur appartenance communautaire.
S'il était nécessaire de montrer la grande étendue du champ de l'art contemporain aujourd’hui, ces œuvres pourraient en borner quelques limites. Elles sont des indices de l'universalité de la pra­tique actuelle des images et des ans de l'espace, les signes qu' au-delà des origines géographiques et des générations les artistes nous aident à prendre un peu plus conscience de nous-mêmes.
 
Hervé Percebois, Commissaire de l'exposition