Pollution
Exposition du 16 septembre au 18 novembre 2017
Photos Blaise Adillon
Une exposition à l'EAP, Espace Arts Plastiques Madeleine- Lambert, Maison du Peuple situé 12 rue Eugène - Peloux, 69200 Vénissieux 
En résonance avec la Biennale de Lyon 2017 / Focus.

À l'occasion de l'exposition un interview s'est tenu entre le directeur du centre d'art Xavier Julien et Niek van de Steeg et est disponible à la lecture pour les visiteurs accompagnés d’une guide de l'exposition.
 
Vos œuvres entretiennent des liens très étroits avec la réalité, notamment l'administration et l'industrie, diriez-vous que ce soient les "forces en présence" ?
 
Oui en effet aussi bien l’administration que l‘industrie sont des entités créatrices. Et un des aspects de sa création c’est une forme, une esthétique, qui quelques fois se manifeste dans des formes comme de la sculpture ; la carrière, les piliers des lignes de hautes tensions, les infrastructures et les modifications du paysage et la ville. L’administration quant à elle crée des règles, des limites, des cadres et donc des formes très bornés, précise dans la meilleure des cas. Mais quand l’administration se met en branle, l’esthétique des machines célibataires, voire le chaos kafkaïen ne sont pas très loin.
 
Dans vos œuvres, les lignes et la couleur produisent des effets optiques très forts : est-ce que vous cherchez à provoquer un vertige chez le spectateur ?
 
Ce n’est pas le but recherché. Le vertige brouille les pistes et crée un espace neutre intéressant parce que non défini. Les espaces aux frontières floues c’est beaucoup plus riche et intéressant que le neutre en gris.
 
Vous vous mettez en scène et en danger dans certaines de vos vidéos (en plongeant dans le Rio Tinto, ou en joggant sur un site radioactif). 
Diriez-vous que c'est une façon de témoigner de votre implication totale dans votre œuvre, d'un très littéral "engagement" personnel ?
 
C’est aussi l’inconsidéré. 
Dans notre  société les dangers de tout genre sont circonscrits par les nombreux interdits et c’est en même temps un vaste marché de prévention à travers des services de sécurité, les assurances et la réglementation  il reste jusqu’à maintenant quelques espaces de l’ordre privé qui permettent de franchir la ligne des interdits. Dans les œuvres le dépassement représente à la fois la liberté de l’artiste de s’engager et de mouiller sa chemise comme en même temps la représentation de la folie, le n’importe quoi, ou autrement dit un travail en lien avec une œuvre de Alighiero Boetti intitulé Shaman/Showman. Est-ce que c’était un commentaire sur l’œuvre et l’action de Joseph Beuys je ne sais pas. En tout les cas, il y a dans les actions de Beuys des manifestations très claires du clownesque. Étant d’ailleurs un des aspects du mouvement fluxus auquel il appartenait.
 
Vos œuvres font appel à des techniques très diverses (céramique, bois, métal, vidéo, installation) : est-ce qu'il est important pour vous de travailler avec des artisans, des spécialistes extérieurs ?
 
Non pas tellement. Ce qui est important à dire que mon travail est une manifestation de multiples collaborations ; je travaille rarement seul et il est souvent difficile à dire qui est à l’origine des formes et des réalisations. Déjà au niveau de l’atelier je travaille beaucoup avec Tineke van Aalzum, qui est à l’origine ou des fois à la finition de beaucoup de mes réalisations. D’ailleurs, les prochaines expositions seront signées désormais par le nom Atelier Niek van de Steeg.
En suite en effet, les artisans, techniciens de l’école nationale supérieure des Beaux Arts de Lyon m’aident beaucoup à la réalisation de mes œuvres. Ce qui fait vraiment avancer l’œuvre ce sont la commande d’expositions, des réalisations, publications et éditions, des résidences et des voyages, qui créent des contraintes et d’échanges.
Tout récemment la pièce, La Colonne bleue, que j’ai créée pour l’exposition à Malbuisson dans le Jura a engendré la réalisation des Icones dans cette exposition.
 
Vous avez récemment publié un livre d'artiste, La Maison de la Matière Première, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
 
C’est une œuvre de commande ou mieux dite une invitation de Valérie Cudel qui est éditrice. Cette structure s’appelle Captures éditions. Elle publie des livres d’artistes. J’ai voulu faire un livre sur la dernière fiction dans mon travail qui est la Maison de la Matière Première, MMP, qui interroge le principe de réalité, celui de l’exploitation et de ses réseaux.
La publication La Maison de la Matière Première fait suite à l’édition de 15 tirages de tête réalisés dans le cadre des expositions aux Centres d’art Le LAIT à Albi et Art3 à Valence, en 2012.
Pour cette édition j’ai  intensifié cette épopée sur le thème de la matière première, avec l’ajout d’un quatrième portrait, celui d’un pêcheur, Cédric Giroud dont l’histoire est liée à une huile synthétique visqueuse détectée dans le Rhône, le polychlorobiphényle, communément appelé PCB.
J’ai dessiné et peint au format d’un double page du livre. Et les dessins, peintures posent un certain nombre de questions ;
Que se passe-t-il avant que la matière première arrive, après différentes transformations, sur le marché ? Je me suis intéressé au café, à l’amiante et à l’uranium. Comment l’homme sculpte-t-il le territoire pour prélever ces matières premières ? De cette exploitation naissent des paysages emblématiques de la création humaine. Alors je déroule le fil d’une histoire qui emprunte des chemins fragmentés de ce que les documents nous apprennent ; du début de l’exploitation jusqu’à la phase actuelle et son devenir.
J’ai utilisé le gros plan, les éléments constructifs, la vue d’ensemble, les articles de presse, le portrait, pour imaginer et construire une structure qu’il lui sert de fil rouge. Cette structure en bois, le socle et fondation de la MMP, devient dans ses dessins un ensemble composé d’éléments, à la façon d’un puzzle. On y reconnaît de nombreuses figures, des figures de l’histoire, de la sculpture, de la peinture. Ainsi, j’ai voulu enrichir la matière première de tous les points de vue par une mise en scène et montage vertigineux.
 
Quel rôle joue la fiction dans votre travail d'artiste ?
 
La fiction est le lubrifiant et un carburant qui permet de faire image de la réalité.
 
mail et site de l'Espace d'Arts Plastiques Madeleine Lambert Maison du Peuple à Vénissieux